samedi 26 novembre 2011

Résumé des temps forts de la semaine

Bonjour à tous. Ca sent déjà Noël à plein ici, vous, je sais pas, mais… les guirlandes électriques sont déjà mises, le sapin dressé, et les Xmas Carols (en khmer) en train d’être répétés.


Le pélé des jeunes

Le WE dernier j’ai fait un mini pélé de 2 jours avec les jeunes de Phnom Penh. Le point de départ : le lieu du martyr de Mgr Paul Tep Im en 1975. Cet évêque fut le premier Khmer, avec Mgr Salas, à occuper un tel poste. Jusqu’alors il n’y avait que des prêtres des Missions Etrangères de Paris, des Français, donc, à occuper ces postes. Un procès en béatification vient d’être ouvert à Rome. Beaucoup de religieux - à vrai dire la quasi-totalité de ceux qui sont restés pendant le génocide khmer rouge, ont été assassinés. A l’endroit d’où je vous écris, par exemple, des religieuses, originaires d’une congrégation française, ont été fusillées. C’était il y a moins de 40 ans… des martyrs des temps modernes. Ils sont restés pendant la guerre afin que la foi ne meure pas.




Nous avons marché une vingtaine de km, mais je vous assure que ç’avait l’air beaucoup plus long, en plein cagnard (entre 11h et 16h???!). Le chapelet était en khmer. Je le récitais en français; je ne sais pas pourquoi -ça me rappelle un sketch des inconnus- j’avais toujours fini 3 plombes avant tout le monde! 3 mots en français = 2 phrases en khmer! Le soir, la veillée de témoignage des jeunes(ne m’en demandez pas le résumé…) était bizarrement accompagnée au synthétiseur, on se serait cru sur un plateau de jeu télé, genre la roue de la fortune. C’est sympa, une samba en chant d’entrée à la messe, aussi, ça donne une image plus sympa auprès des jeunes. Pour ma part, je suis un peu interdit sur le sujet.




Bien que je n’aie pas pu participer pleinement aux dialogues enflammés des groupes de discussion, j’ai bien apprécié ce WE, bien fatigant, une bonne entrée en matière pour l’entrée en Avent!


2° temps fort de la semaine : la Conférence des Evêques

Tous les ans, les 10 évêques (titulaires et émérites) du Cambodge et du Laos se réunissent, et cette année, c’était à Battambang. Le plus gros évènement de l’année pour l’église locale. Certains sont des légendes vivantes (Mgr Ramousse était l’évêque de Phnom Penh en… 1962). 4 sont français et 9 100% francophones. C’était un peu le branle bas de combat! Ils ont fort à faire; la mise en œuvre de Vatican II a été très perturbée par la guerre (qui elle-même a fait disparaître tout ou partie des prêtres et des fidèles). Une église à reconstruire.
 



Thaïland Express




Ca, c’est la photo de mon WE en Thaïlande.

Oui, c’est moche, ça s'appelle une douane. J’y suis resté 30 minutes, le temps de passer le poste de contrôle dans l’autre sens et de redemander un visa cambodgien pour un mois.
En effet, dans ma situation, je ne peux obtenir qu’un visa de tourisme de 30 jours. Faire l’aller retour à la frontière est la façon la plus simple de le faire renouveler. La frontière se trouve à 80 km de Battambang, à Pailin. Pailin est une mini région semi autonome, et pour cause. Dans les années 90, les Khmers Rouges, toujours actifs, avaient fait de ce coin leur zone de repli. Ils finançaient leur guérilla à l’aide des pierres et bois précieux qui s’y trouvaient. Comme ça sentait vraiment la fin pour eux, ils ont négocié de déposer les armes et de se rallier au gouvernement, et en échange, la création d’une « réserve khmère rouge» où ils pourraient se retirer, sans être inquiétés par la justice. Trafic de pierres précieuses, bordels, casinos… nombreux sont les anciens criminels à s’être ainsi tranquillement reconvertis.

Le gouvernement a tenu ces promesses, jusqu’en 2007, où finalement quelques un des leaders du mouvement ont été arrêtés pour crime contre l‘humanité. Le procès a commencé cette semaine à Phnom Penh.


Pailin


Wow! Je sens que ça vous donne envie de prendre le premier avion pour Pailin! Mais Pailin, c’est aussi glamour! Il y a un parc de 6000 ha soutenu par la Maddox Jolie-Pitt Foundation (du nom du fils du célèbre couple, qui vient de la région), une réserve à ne pas manquer et qu’il me faut visiter rapidement!
A bientôt
 
 
 
 

mercredi 23 novembre 2011

Ben quoi?

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Je dois avouer que je ne comprends pas toujours pourquoi mes élèves mettent parfois tant de temps à comprendre mes dessins (OUI, ce sont les miens, je n'ai pas d'élèves de moins de 5 ans...)




Trop conceptuel, sans doute.

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jeudi 17 novembre 2011

Semaine fatigante pour "Mr Teacher"

Bonjour,

Dire que je ne ressens pas de surprise ni un petit pincement quand tous les jeunes qui me croisent me disent : "hello Teacher!", "how are you teacher?", "good night teacher", serait mentir. J'apprends à m'habituer à mon nouveau statut, alors que par la fonction même de mon travail, en France, j'étais plutôt l'emmerdeur.

Cette semaine a été une montée en puissance, j'ai du ouvrir 1 nouveau créneau de cours à 16h et un à 18h. J'ai même du proposer de donner un cours à 7h30 (du matin, oui oui) sinon je n'arrivais pas à caser les 2 élèves. Mon cours de 16h comptait un élève, puis 2, puis 4 hier! J’espère que nous ne serons pas 256 à la fin de la semaine prochaine. Mon dernier cours finit à 19h15.
J’ai entre 4 et 6 cours par jour. Disons que ça dépend un peu aussi de l’assiduité des élèves… Je donne tous mes cours sur place (le centre Arrupe, le centre des étudiants Paul Tep Im, tout est regroupé comme une sorte de campus).  
 
 
J’ai tué le livre

Eh oui, un cours, ça ne s’improvise pas. Ne sachant pas à l’avance le niveau de mes élèves, je n’ai pas pu acheter grand-chose à l’avance. J’ai emprunté ou acheté les manuels utilisés par les élèves et ai éhontément tout photocopié en plusieurs exemplaires. Mais… bon… je suis pas le seul à le faire, d’abord. C’est un grand sport national . Ici, plus qu’ailleurs, le photocopi(ll)age tue le livre. On trouve des copies de tout au marché. Je me souviens de la très grande honte que j’ai ressentie quand j’ai voulu faire dédicacer le livre Cambodge année zéro, prêté par un ami (il se reconnaitra et aura honte),  par son illustrissime auteur, le père MEP François Ponchaud (celui qui a révélé au monde le génocide khmer).

«Tu diras à ton ami qu’il m’a volé parce que le livre est une copie. »

J’ai eu au moins autant honte que quand j’ai mangé l’offrande à Dieu la semaine dernière, pendant la fête de l‘eau chez les jeunes. Elle était posée sur la table, au milieu d’autres victuailles… c’était pas écrit dessus… quand bien même ce fût le cas, je n’aurais pas compris, de toute manière.
 
 
Please have a shit!

Les exercices de prononciation peuvent se révéler assez savoureux. Les sons « s », « dj », « ch » sont très difficiles à prononcer. Ce matin, Sitha, mon élève de 23 ans, en fait les frais, avec un mot terriblement difficile : 6.

_Repeat after me : « Jake is 6. »
_Jake is si.
_No, Jake is six.
_Jake is sick.
_No, Jake is not sick He’s six. (j’insiste bien sur le « ks »)
_Jake is sexy.

Je mange mon krama.

J’incite fortement tous ceux qui n’ont pas compris le dialogue à m’appeler dès mon retour, c’est toujours ça de pris en attendant mon prochain boulot.

D’où cette plaisanterie récurrente entre volontaires, où nous nous disons souvent, « please take a shit » ou bien « shit down ».

De manière générale, le niveau de mes élèves (qui ont tous la vingtaine) est très très très débutant. On est plus patients avec ceux qui viennent d’apprendre l’alphabet, mais plus étonné avec ceux qui en font depuis plusieurs années et qui ne comprennent vraiment rien, ou qui ne semblent vraiment pas intéressés. Et comme dans tout cours, il y a aussi toujours celui qui lève toujours le doigt et qui sait tout, celui, qu’on réveille quand on dit (plus ou moins bien…) son nom, les farceurs… Quelle cure de jouvence… et de la musculation intellectuelle! (pour tout le monde)


Ici je change un essieu de train. Quelle force!


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lundi 14 novembre 2011

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N'hésitez pas à laisser des commentaires! sinon je ne saurai même pas que vous êtes passé...

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Une fête de l’eau 2011 mémorable à tous points de vue

La semaine dernière nous avons eu une belle surprise. Chaque année, fin octobre début novembre, a lieu un des plus grands évènements au Cambodge : la fête de l’eau, ou Om Touk.

Historiquement, elle correspond à la victoire de Jayavarman VII (un super héros khmer du XII° siècle) sur les Chams, qui occupaient Angkor. Les Chams sont la minorité musulmane du Cambodge. Une sorte d’ennemi héréditaire, quoi que de l’intérieur. Les pauvres se sont faits persécutés de toute éternité, là bas. Tout récemment encore, les Khmers rouges, plutôt que de détruire leurs mosquées, les transformaient en parc à cochons.

D’un point de vue plus météorologique, la fête de l’eau qui correspond à la fin de la saison des pluies et donc le début de la saison sèche. Avec des températures hivernales de 30-35°, comme tout le monde, quoi. Phénomène le plus spectaculaire : le fleuve Tonlé Sap inverse son cours pour se jeter dans le Mékong. En effet, en période de mousson la crue du Mékong «remonte» le cours du Tonlé Sap, qui se met à couler dans l’autre sens (!), pour alimenter un immense lac intérieur (du même nom), qui sert de réservoir naturel. En moyenne il multiplie sa superficie par 6 à l’issue de la mousson (soit 16000 km2, le plus grand lac d’eau douce de l’Asie du Sud est).
 
 
Cette année, le lac Tonle Sap s’est un peu plus étendu que d’habitude et a débordé sur les provinces limitrophes, causant la mort de 167 personnes, et la fête a été annulée. On est encore loin de la Thailande, mais les populations cambodgiennes concernées, plus rurales, seront plus durement impactées à moyen terme (isolement extrême à cause des routes inondées, perte des récoltes…) On est aussi très loin des 350 morts causés par la bousculade lors de l’édition 2010 à Phnom Penh.


                                          Pour vous donner une idée, une photo de 2010 
 
Ce jeudi, donc, une école tenue par des Sœurs de la charité (maison mère à côté de Nancy) nous a invités, avec l’évèque et les autres volontaires, à un petit spectacle. La quarantaine d’enfants a mimé les traditionnelles régates (celles avec des rameurs), proposé des saynètes chantées et reconstitué un bateau à l’aide de guirlandes électriques.


 Ensuite, un curieux petit rituel. Un entremet copieux fait de riz sucré avec de la noix de coco (du riz au lait façon colle à papier peint) nous a été proposé. Le jeu consiste à en faire manger le plus possible,… à son voisin. Armé d’une cuiller et d’une grosse louchée de riz, vous attaquez votre victime, et lui enfournez tout ça dans la bouche… Une sorte de «food fight» , amicale car vous devez tout manger.




Ensuite, pour le dîner avec les prêtres et les volontaires, nous avons sorti la machine à karaoke des grands jours. Le matériel provenant des Philippines, 80% était en espagnol et 20% en anglais. A la fin, vous obtenez un score sur 100 qui évalue (comment????) votre prestation. J’ai choisi « Something stupid » de Franck et Nancy Sinatra, et n’ai eu que 83, alors que d’autres beuglaient (faux) et ont eu de meilleurs scores. Je suis arrivé bon dernier! 3 ans de cours de chant et d'ensemble baroque professionnel pour en arriver là... quelle infâmie. Même l’évèque a participé, il se défend pas mal, même!


Enfin, dernière partie, la soirée des jeunes du centre. Après une courte bénédiction, ambiance boite de nuit, très bon enfant, jusqu’à une heure du matin (on se couche vers 22h habituellement). Ma manière quelque peu « européenne » de danser a bien fait marrer les gens, mais au moins tout le monde me repère à présent, c’est l’essentiel!

Th

Prochain post : le pays, l'église au Cambodge et la préfecture de Battambang

jeudi 10 novembre 2011

Retour sur les bancs de l'école...

Ou plutôt sur les chaises en plastique. J'ai commencé mes cours depuis à présent une semaine. J'ai été chargé par le préfet apostolique de donner des cours d'anglais et de piano à des jeunes du centre où je suis (noter : faire un post sur le centre Arrupe...)

A coeur vaillant...
Le plus drôle est à venir. Une de mes élèves d'anglais (une jeune) sait à peine lire (apprendre un nouvel alphabet n'est pas si facile) et 2 de mes futurs élèves en piano... sont aveugles. Eh bien j'espère qu'ils parlent anglais...Je n'ai pas de classe proprement dit, mais des cours particuliers. Un de mes élèves s'appelle Channeng. A la différence de la plupart, il a déjà voyagé hors du Cambodge : Thailande, Corée, Espagne, Colombie... Il s'exprime déjà très bien et est invité dans des manifestations internationales pour parler du centre et du combat dont il est un des porte parole. En effet, Channeng a perdu ses 2 jambes et son bras gauche en sautant sur une mine antipersonnel en 2005. Sa famille n’étant plus en mesure de s’occuper de lui, c’est le centre qui l’héberge et lui permet de suivre une scolarité normale. Quand je vois sa force de travail et sa volonté, en dépît de son handicap sont remarquables, je me dis que nos problèmes, parfois, sont bien dérisoires. C’est moi qui apprends, surtout.

mercredi 9 novembre 2011

Bienvenue sur mon blog!

Tchoumriepsou!
Nous sommes le 9 novembre, fête de l'indépendance du Cambodge. J'ai pris pas mal de retard dans les nouvelles (les dernières datent d'environ... 2 semaines), car décider de faire un blog, puis le faire, c'est long, surtout quand on est aussi doué en khmer qu'en informatique... Je suis donc... bien arrivé au Cambodge. J'ai profité de ma première semaine pour faire une petite incursion à Singapour, à 2h de vol de Phnom Penh, chez des amis parisiens qui viennent d'y emménager. Ville très animée, qualité de vie exceptionnelle, tout est propre (une ville suisse construite dans la jungle)... bref, n'y allez pas, sinon vous ne pourrez jamais remettre les pieds à Paris. Je note que même à Singapour je rencontre des gens que je connais à la messe. Il risque d'en être tout autrement au Cambodge!
Demain, je vous raconterai ma première semaine de cours à Battambang.
Th

PS : n'hésitez pas à laissez des commentaires