jeudi 17 novembre 2011

Semaine fatigante pour "Mr Teacher"

Bonjour,

Dire que je ne ressens pas de surprise ni un petit pincement quand tous les jeunes qui me croisent me disent : "hello Teacher!", "how are you teacher?", "good night teacher", serait mentir. J'apprends à m'habituer à mon nouveau statut, alors que par la fonction même de mon travail, en France, j'étais plutôt l'emmerdeur.

Cette semaine a été une montée en puissance, j'ai du ouvrir 1 nouveau créneau de cours à 16h et un à 18h. J'ai même du proposer de donner un cours à 7h30 (du matin, oui oui) sinon je n'arrivais pas à caser les 2 élèves. Mon cours de 16h comptait un élève, puis 2, puis 4 hier! J’espère que nous ne serons pas 256 à la fin de la semaine prochaine. Mon dernier cours finit à 19h15.
J’ai entre 4 et 6 cours par jour. Disons que ça dépend un peu aussi de l’assiduité des élèves… Je donne tous mes cours sur place (le centre Arrupe, le centre des étudiants Paul Tep Im, tout est regroupé comme une sorte de campus).  
 
 
J’ai tué le livre

Eh oui, un cours, ça ne s’improvise pas. Ne sachant pas à l’avance le niveau de mes élèves, je n’ai pas pu acheter grand-chose à l’avance. J’ai emprunté ou acheté les manuels utilisés par les élèves et ai éhontément tout photocopié en plusieurs exemplaires. Mais… bon… je suis pas le seul à le faire, d’abord. C’est un grand sport national . Ici, plus qu’ailleurs, le photocopi(ll)age tue le livre. On trouve des copies de tout au marché. Je me souviens de la très grande honte que j’ai ressentie quand j’ai voulu faire dédicacer le livre Cambodge année zéro, prêté par un ami (il se reconnaitra et aura honte),  par son illustrissime auteur, le père MEP François Ponchaud (celui qui a révélé au monde le génocide khmer).

«Tu diras à ton ami qu’il m’a volé parce que le livre est une copie. »

J’ai eu au moins autant honte que quand j’ai mangé l’offrande à Dieu la semaine dernière, pendant la fête de l‘eau chez les jeunes. Elle était posée sur la table, au milieu d’autres victuailles… c’était pas écrit dessus… quand bien même ce fût le cas, je n’aurais pas compris, de toute manière.
 
 
Please have a shit!

Les exercices de prononciation peuvent se révéler assez savoureux. Les sons « s », « dj », « ch » sont très difficiles à prononcer. Ce matin, Sitha, mon élève de 23 ans, en fait les frais, avec un mot terriblement difficile : 6.

_Repeat after me : « Jake is 6. »
_Jake is si.
_No, Jake is six.
_Jake is sick.
_No, Jake is not sick He’s six. (j’insiste bien sur le « ks »)
_Jake is sexy.

Je mange mon krama.

J’incite fortement tous ceux qui n’ont pas compris le dialogue à m’appeler dès mon retour, c’est toujours ça de pris en attendant mon prochain boulot.

D’où cette plaisanterie récurrente entre volontaires, où nous nous disons souvent, « please take a shit » ou bien « shit down ».

De manière générale, le niveau de mes élèves (qui ont tous la vingtaine) est très très très débutant. On est plus patients avec ceux qui viennent d’apprendre l’alphabet, mais plus étonné avec ceux qui en font depuis plusieurs années et qui ne comprennent vraiment rien, ou qui ne semblent vraiment pas intéressés. Et comme dans tout cours, il y a aussi toujours celui qui lève toujours le doigt et qui sait tout, celui, qu’on réveille quand on dit (plus ou moins bien…) son nom, les farceurs… Quelle cure de jouvence… et de la musculation intellectuelle! (pour tout le monde)


Ici je change un essieu de train. Quelle force!


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2 commentaires:

  1. Merci petit frère pour ce superbe blog, je suis ptr et mdr à chaque fois ;-))

    Ba betsaka

    Mef

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  2. Thibaut,

    J'aurai peut-être besoin de quelques cours d'anglais à ton retour! Ton séjour a l'air de très bien se passer!

    A bientôt
    Jennie

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